Qui n’a pas commandé quelque chose chez Amazon, l’entreprise de commerce en ligne ?
C’est rapide, confortable et facile. Mais les arrière-plans du groupe sont en grande partie inconnus.
Qui est le fondateur d’Amazon, quelles sont les relations de cette entreprise et quelles sont ses intentions quand, par exemple, elle fait placer « Alexa » dans les salons de ses clients comme assistante vocale ?
Apprenez-en plus dans ce documentaire sur Amazon et ses faces cachées
La sinistre face cachée d’Amazon
Amazon – Contrôle à chaque pas
« 3, 2, 1, c’est à moi » – ce slogan d’eBay en Allemagne décrit depuis des années le comportement des consommateurs : en quelques clics de souris on peut acheter tout ce qu’on veut. Mais cette méthode a encore été perfectionnée.
Assis sur son canapé, le consommateur gâté d’aujourd’hui ne dit que les mots « Alexa, apporte-moi une bière ! » et déjà elle vient, souvent le jour même et bientôt, même en l’espace de quelques minutes. C’est possible grâce à un petit ordinateur à reconnaissance vocale du détaillant en ligne Amazon, qui s’appelle « Alexa » et qui est déjà arrivé dans des millions de maisons du monde entier.
La vie privée, c’était hier. Alexa entend tout ce qui se dit à la maison : Dès que le mot-clé « Alexa » est prononcé, des séquences de conversations entières sont renvoyées vers Amazon. Ici, ce n’est pas un Etat totalitaire de surveillance qui espionne, mais « seulement » une entreprise qui a accès, via Internet, à des conversations qui ont lieu dans des appartements privés, et cela dans tous les pays du monde. Le nouveau monde est merveilleux !
Tellement agréable et confortable qu’on ne voit pas ou qu’on ne veut pas voir le côté obscur de cette évolution. Mais par cette série de spots, Kla.TV dévoile sa portée et montre les moyens pratiques d’en sortir.
Le supermarché qui te scanne
Début 2018, Amazon a ouvert son premier supermarché high-tech aux Etats-Unis, Amazon Go. L’idée : pas d’attente aux caisses, pas de monnaie, pas de personnel de vente.
Tout ce dont vous avez besoin, c’est une application et un compte Amazon. Dans le magasin, le client prend simplement ce qu’il veut et quitte le magasin immédiatement. Le ticket de caisse est envoyé par mail. Amazon ne divulgue pas exactement comment cela fonctionne. Le responsable fédéral allemand pour la protection des données Peter Schaar critique le fait qu’en faisant du shopping dans un marché Amazon Go le client ne peut pas comprendre quelles données sont collectées et ce qu’il en advient. Il est clair qu’il y a un grand nombre de caméras et de capteurs dans les magasins. C’est ainsi que le comportement des clients est complètement enregistré et stocké. Le concept des supermarchés d’alimentation Amazon Go s’inscrit donc parfaitement dans cette stratégie de l’entreprise qui consiste à scanner complètement le client.
Amazon sur tous…
Amazon met également ses services, tels que le service de paiement Amazon Pay, à la disposition d’autres commerçants – étendant ainsi sa suprématie dans le monde entier. Cela signifie qu’Amazon peut également contrôler les achats en dehors de son propre groupe et collecter les données personnelles.
L’ascension d’un géant
Jeffrey Preston Jorgensen alias Jeff Bezos est né en 1964. Après avoir obtenu son diplôme universitaire dans une université d’élite aux Etats-Unis, il a travaillé à Wall Street et a convaincu son mentor d’investir dans le projet « online shop ». On avait envisagé au départ de donner à cette entreprise le nom de relentless.com, ce que signifie implacable, impitoyable, mais finalement on l’a remplacé par Amazon – d’après le nom de l’Amazone, qui est de loin le fleuve le plus riche en eau du monde. Aujourd’hui, avec Amazon, Jeff Bezos possède non seulement le plus grand magasin du monde, mais aussi le pouvoir médiatique avec la prise de contrôle du Washington Post. En outre, Bezos envoie des engins spatiaux dans l’espace avec sa société Blue Origin, il possède 45 % des clouds numériques du monde– c’est un service internet offrant une capacité de calcul et de stockage – et avec l’aide de l’intelligence artificielle (par exemple Alexa), il accède de plus en plus à tous les domaines de la vie humaine. Pour Bezos, c’est toujours « Day One » parce que les possibilités de la technologie en sont encore à leurs débuts.
Amazon coopère avec la NSA
La NSA* investit 600 millions de dollars dans le développement d’un système de cloud** par Amazon. L’objectif officiel de la plate-forme est de transférer les données que la NSA collecte dans le monde entier, ainsi que d’autres informations de renseignement, en un seul « océan de données ».
Cela permettra à la NSA et à 16 autres services de renseignement américains de recueillir des informations plus rapidement et de les « connecter » ensemble. Le patron d’Amazon Jeff Bezos était enthousiaste quant à la coopération de son entreprise avec les services secrets américains.
Amazon ouvre la porte d’entrée
Avec Amazon Key, Amazon permet aux transporteurs de colis et autres fournisseurs de services d’accéder au domicile des clients lorsque ceux-ci sont absents. Le client reçoit une serrure de porte intelligente, une caméra de surveillance en réseau et une application. Concrètement, cela signifie que lorsque le livreur a arrivé à l’appartement et que personne ne répond au coup de sonnette, il demande l’accès à Amazon via un processus d’authentification. Dès que la porte est ouverte à distance, la caméra de surveillance commence à enregistrer. Selon des personnes qui s’intéressent à ces questions, la caméra de surveillance peut être piégée avec un logiciel spécial. Selon Amazon, il devrait également être possible à l’avenir pour les amis ou les services à la clientèle – comme les personnes qui viennent s’occuper des chiens – de définir les créneaux horaires où les portes s’ouvrent pour eux. Cela donne à Amazon non seulement l’accès à toute la sphère intime des clients, mais aussi toute une liste précise de qui entre quand dans l’appartement.
Amazon vient comme un ami et écoute tout le monde
Avec le logiciel Alexa, Amazon s’attache encore plus étroitement la fidélité de ses clients. Aussitôt Alexa est là sur le petit ordinateur à reconnaissance vocale Echo, qui possède haut-parleur et micro intégrés.
Alexa peut répondre à toutes les questions formulées verbalement et exécuter des ordres via Internet, par exemple allumer la lumière dans le salon. Alexa fait aussi fonctionner d’autres appareils dans la maison, commande des articles, joue de la musique, parle des prévisions météo et compte pour beaucoup comme un « membre de la famille ». Pas étonnant qu’Alexa soit de plus en plus utilisé pour les produits « normaux » du quotidien tels que les réfrigérateurs, les haut-parleurs de musique, etc. ou en voiture : des oreilles partout ! On prétend qu’Alexa ne réagit qu’au mot d’activation « Alexa » et que le client a toujours le contrôle de ses données. Cependant, c’est extrêmement discutable, étant donné qu’Amazon coopère avec les services de renseignement. Jusqu’à présent, Alexa ne peut pas avoir de conversations profondes et est insensible aux émotions. Jusqu’à présent, car à l’avenir Alexa devrait même émettre une sorte de compassion simulée. Alors, même les soucis et les pensées les plus intimes ne seraient plus confiés à des amis, mais au géant de données Amazon – Hé bien, super !
Orienté sur le profit et non sur la demande
Amazon, l’importante société de vente par correspondance, détruit une grande quantité de produits neufs. Des tonnes d’invendus, vêtements, appareils électroménagers, téléphones portables, ordinateurs et produits alimentaires finissent dans les compacteurs d’ordures. Les retours y sont également envoyés immédiatement, parce que par exemple, pour les appareils électriques, les tests de fonctionnement et de sécurité seraient trop fastidieux. Au vu de l’augmentation de la pauvreté populaire et d’un marché florissant des biens d’occasion, une critique semble justifiée, car si l’offre et la consommation de biens ne dépendent pas de la demande réelle, mais du profit et de l’intérêt personnel, l’homme et l’environnement restent une question mineure.
Est-ce qu’on ne peut plus freiner Amazon ?
Amazon est sur le marché allemand depuis 20 ans et s’efforce constamment de devenir polyvalent. Au départ, les librairies étaient exposées à une concurrence féroce de la part des détaillants en ligne, beaucoup ont dû fermer. Amazon Fresh, un service de livraison d’aliments frais, a été lancé à titre expérimental en Allemagne début 2017. Après un an, cependant, le bilan d’Amazon est plutôt décevant. Les Allemands préfèrent encore acheter leurs produits frais personnellement. Comme Amazon n’a toujours pas de réseau dense de succursales en Europe, le groupe a déjà exprimé son intérêt pour plusieurs chaînes de supermarchés. A cet égard en France, Amazon se casse les dents. Le quotidien français Le Monde cite un détaillant en alimentation : « Amazon n’est pas notre ami : en fin de compte, leur but est de nous manger. Nous n’allons pas leur ouvrir la porte et leur proposer la carte de menu. » Cela montre que, quelle que soit sa puissance, la question de savoir si Amazon parviendra à dominer le marché mondial reste entre nos mains, que nous soyons clients ou entrepreneurs.
Client roi – employé esclave ?
En 2017, Amazon comptait 570 000 employés dans le monde entier. Selon une employée d’Amazon aux USA, il y aurait des centaines de milliers de travailleurs temporaires aux Etats-Unis qui seraient livrés « comme des esclaves », exploités et relâchés après 60 à 90 jours, s’ils n’avaient pas abandonné avant. Dans les immenses entrepôts, un travailleur doit parcourir environ 20 km par jour. La pression du temps est énorme, même pendant les pauses : « Les pauses de 15 et 30 minutes sont souvent juste ce qu’il faut pour aller aux toilettes et revenir en courant… » Un système d’évaluation sophistiqué surveille les objectifs de temps avec un contrôle de qualité simultané : si des erreurs se produisent, l’employé perd des points.
La peur de perdre son emploi qui en résulte conduit à des intrigues à tous les niveaux : « La tâche principale des supérieurs est de trouver des raisons de licencier les travailleurs après 90 jours au plus tard. » Amazon économise ainsi le coût des emplois permanents et peut toujours compter sur des travailleurs temporaires « frais » qui peuvent supporter les conditions de travail extrêmes pendant une courte période. Amazon construit des entrepôts principalement dans les régions où le taux de chômage est élevé. Il s’agit évidemment d’un système parfaitement ingénieux pour minimiser les coûts au détriment des personnes. Jeff Bezos promeut ainsi une société qui devient de plus en plus dépendante de lui : des gens avec peu d’argent qui rentrent du travail, totalement épuisés, et qui ne peuvent que dire : « Alexa, apporte-moi une bière ! » Si ce système inhumain n’est pas arrêté, ce n’est qu’une question de temps avant qu’une grande partie de l’humanité ne devienne de tels esclaves.
Qui voudrait devenir esclave d’un monde contrôlé par des ordinateurs « intelligents » uniquement au service de leurs créateurs ? Qu’il s’assoie sur son canapé et parle à Alexa.
Mais si la relation personnelle avec ses semblables est plus importante pour lui que son confort, il devrait acheter ses produits dans le magasin local et faire de ce documentaire un sujet de conversation. De cette façon, émerge un mouvement de personnes qui affirment les relations et la vie ; et ce mouvement stoppe la domination des multinationales, anonyme et méprisante envers la vie !