Extrait de la revue
Science & Alternative
NEXUS N°67 de mars-avril 2010
(Pages 80 à 87)
Mensonge, mystification, pillage… Au regard des faits rapportés par les historiens, le mythe du << plus grand Français de tous les temps >> s’avère être la plus grande imposture.
Les Louanges de Pasteur s’entendent partout dans le monde et il est considéré comme l’un des plus prestigieux héros do genre humain, une référence incontournable. Bien que l’aventure de la vaccination ait commencé à la fin du XVIIIe siècle avec le médecin anglais Edward Jenner, c’est Pasteur (1822-1895) qui reste le père de la vaccination et c’est avec lui qu’a débuté un long cortège de mensonges.
Cet homme brillant, intelligent et gros travailleur, était un expert en communication et se tenait au courant des travaux effectués par ses pairs. Sa tactique a toujours été la même : il savait reconnaître les bonnes idées mais commençait par les critiquer ouvertement, puis il se les appropriait sans vergogne en prétendant les avoir découvertes. C’est ainsi qu’il est devenu un bienfaiteur de l’humanité et, surtout, un mythe intouchable.
Vu à la télé
En avril 2005, au cours d’une émission de télévision qui illustrait bien la déchéance de l’information et du niveau culturel, il a été élu de deuxième <
Cette découverte est en vérité celle du médecin hongrois Ignace Semmelweis qui avait observé que les femmes ne mouraient plus lorsque les accoucheurs prenaient des précautions d’hygiène, à commencer par se laver les mains. Il faut savoir qu’il déclencha alors les ricanements de ses confrères et ne parvint pas à les convaincre malgré des résultats évidents. On prétendit que les statistiques qu’il avait publiées étaient erronées, mensongères, et on le révoqua. Il semblerait même que des accouchées aient pu être infectées afin de discréditer la véracité de ses observations. Il finit par se suicider de désespoir. Ses travaux, publiés en 1861, ne furent reconnus qu’en 1890 et ce retard coûta des vies. Révolté par ce comportement, un autre médecin, mais celui-là écrivain, Louis-Ferland Céline, le défendit avec virulence en publiant sa biographie en 1937. Sans doute Axel Kahn ne l’a-t-il pas lue. Nous pouvons ainsi constater que ce mythe de Pasteur perdure sur des bases totalement erronées, mais que le grand public croie aveuglément parce que << la télévision en a parlé >>.
Idolâtrie nationale
Cependant, de nombreux faits rapportés dans les écrits parfaitement authentifiés, venant de proches ou d’historiens comme le Dr Lutaud, le Dr Philippe Decourt, le Dr Xavier Raspail, Adrien Loir, Éthyl Douglas Hume, Émile Duclaux, Gerald Geison, et d’autres, devraient suffire à le faire tomber de son piédestal. Mais le dogme pasteurien est tellement ancré dans les esprits que rien n’a pu encore l’ébranler et les Français idolâtrent encore un imposteur. Il est interdit sous peine d’anathème de toucher au vainqueur de la rage! Et à présent que Pasteur n’est plus là pour piller les résultats de ses pairs, ce sont les autres qui les pillent en son nom.
Pasteur a maquillé les résultats d’expériences qui ne lui étaient pas favorables, comme l’aurait fait un vrai faussaire avec l’aide de complices. Il s’est approprié certains travaux d’autres chercheurs, dont Antoine Béchamp(1816-1908), l’un des plus grands savants du XIXe siècle, médecin, biologiste, naturaliste, professeur de chimie médicale et pharmaceutique à la Faculté de Montpellier et professeur de chimie biologique et de physique à l’Université de Paris, puis doyen de la faculté libre de Lille. Béchamp a démontré la véracité des vues de Claude Bernard sur la valeur du terrain propre à chaque individu et fut le premier à comprendre la cause microbienne des pathologies infectieuses. Cependant, son oeuvre est à peu près inconnue de nos jours, parce qu’elle a été systématiquement discréditée et falsifiée au profit des intérêts personnels de Pasteur.
Béchamp avait raison
En juin 1865, Pasteur fut nommé par le gouvernement pour étudier les maladies des vers à soie, alors que Béchamp avait déjà déterminé et publié l’origine parasitaire de la pébrine. Pasteur critiqua les travaux de Béchamp, affirmant qu’il s’agissait d’une maladie constitutionnelle, que les << petits corps >> (c’est ainsi qu’on appelait alors les microbes) que Béchamp considérait comme des parasites exogènes, c’est-à-dire qu’ils viennent de l’extérieur, étaient seulement des cellules malades du ver lui-même.
En 1868, Pasteur comprit que Béchamp avait raison – depuis, la théorie << parasitaire >> est reconnue par tous – et déclara à l’Académie des sciences et au ministre de l’Agriculture qu’il avait été le premier à démontrer l’origine parasitaire de la pébrine, << entièrement ignorée avant mes recherches >>. En fait d’impudence, il est difficile de faire mieux! En 1870, il publia un ouvrage sur les maladies des vers à soie qu’il dédia à l’Impératrice car, depuis longtemps, il cultivait ses relations avec la cour impériale, ce qui lui permit de se lier d’amitié avec des ministres et des représentants officiels de pays étrangers, relations toujours utiles.
Rente annuelle
À cette époque, Pasteur se déclarait très << napoléonnien >>, mais après la chute de l’Empire et l’avènement de la République, il changea complètement de bord, comme le signalait le journal Impact Médecin du 19 février 1983. Il obtint du physiologiste républicain Paul Bert, membre de la commission du budget, un rapport à l’Assemblée nationale pour se faire attribuer une << récompense nationale >> sous forme d’une rente annuelle de 12 000 francs – portée plus tard à 25 000 francs – pour avoir sauvé la sériciculture.
En effet, Paul Bert, alors tout-puissant auprès du gouvernement, désirait ardemment entrer à l’Institut qui ne voulait pas dans ses rangs un homme affichant si ouvertement ses idées révolutionnaires et athées. D’après Paul Bert, Pasteur serait allé le trouver et lui aurait mis le marché en main : il profitait de son influence à l’Académie des sciences pour faire nommer Paul Bert, et en échange celui-ci lui garantissait l’attribution de sa rente. Ce qui fut fait au détriment de Davaine, pressenti pour ce fauteuil à l’Académie, et qui en mourut de chagrin. Davaine, ami et protecteur de Pasteur, avait lui aussi vu Pasteur s’attribuer une partie de ses travaux.
Pasteur fut récompensé de la sorte pour son mensonge sur la théorie << parasitaire >>, dépouillant ainsi Béchamp d’une part de son oeuvre. Il intrigua ensuite pour faire perdre à son adversaire son poste universitaire.
L’affaire des << ferments solubles >>, qui donna lieu à une controverse pendant plus de dix-huit mois entre Pasteur et le chimiste Berthellot en 1878, relève de la même imposture, car Pasteur refusait de reconnaître l’évidence et maintenant sa croyance en la théorie de la génération spontanée.
L’affaire de la rage
Dès l’école, nous apprenons que Pasteur << a sauvé le petit Joseph Meister, mordu à la main par un chien enragé >>. À vrai dire, il n’existait aucune certitude que le chien fut enragé car on ne signala aucune autre morsure; de plus, quand bien même il l’aurait été, le risque pour le jeune Meister était infime, car un animal réellement enragé – ce qui est extrêmement rare – ne transmet la maladie que dans 5 à 15 % des cas.
L’affaire de la rage est l’exemple même des mensonges de Pasteur qui ont été répétés et introduits par ses admirateurs dans la mémoire collective, au point d’être devenus des vérités pour le commun des mortels. Contrairement à ce que l’on nous enseigne, le vaccin antirabique ne fut pas créé par Pasteur, mais par Henri Toussaint, professeur à l’école vétérinaire de Toulouse, dont le nom n’a pas marqué l’histoire. Celui-ci avait réussi à bien atténuer la virulence du virus en chauffant la préparation et en y ajoutant un antiseptique. Le vaccin de Pasteur, à base de moelle desséchée, était très dangereux et fut bien vite abandonné, et le jeune Meister a eu beaucoup de chance d’en réchapper! D’ailleurs, Émile Roux, collaborateur de Pasteur, avait estimé que l’application du vaccin Pasteur était trop hasardeuse et avait refusé de s’associer aux premiers essais dits de << traitement intensif >>, c’est-à-dire plusieurs injections pendant douze jours.
L’élément le plus caractéristique de la malhonnêteté de Pasteur et de ses collaborateurs fut le drame d’un enfant de douze ans, mort des suites de la vaccination pratiqué par Pasteur. Le jeune Édouard Rouyer fut mordu le 8 octobre 1886 par un chien inconnu. Pasteur lui inocula son vaccin par la méthode intensive et le 26 octobre l’enfant mourut. Une enquête judiciaire fut alors ouverte pour déterminer la cause de sa mort et le professeur Brouardel en fut chargé. Ce dernier, haut personnage couvert de titres, était un ami de Pasteur.
Faux témoignage
Dans le laboratoire d’émile Roux, on inocula une partie du bulbe cervical de l’enfant à des cerveaux de lapins et, quelques jours plus tard, les lapins moururent de la rage. Mais Brouardel, en accord avec Roux, décida de porter un faux témoignage devant la justice pour dissimuler la vérité. Il s’agissait d’éviter la reconnaissance officielle d’un échec qui entraînerait, selon les termes de Brouardel, << un recul immédiat de cinquante ans dans l’évolution de la science >>, ainsi que le déshonneur pour Pasteur, comme le rapporte Philippe Decourt dans les Vérités Indésirables, le cas Pasteur. Le rapport fourni au procureur contenait un mensonge monumental : << Les deux lapins sont en bonne santé aujourd’hui, 9 janvier 1887, c’est-à-dire quarante-deux jours après les inoculations. Les résultats négatifs des inoculations pratiquées sur le bulbe de cet enfant permettent d’écarter l’hypothèse que le jeune Rouyer ait succombé à la rage >>. Pasteur déclara que l’enfant était mort d’urémie.
Non contents de falsifier les faits, Pasteur et ses deux complices, Roux et Brouardel, s’employèrent à faire taire les opposants qui connaissaient la vérité. Brouardel alla même jusqu’à affirmer que sur cinquante personnes traitées par les inoculations intensives, il n’y avait eu aucun décès.
En 1886, tant en France qu’à l’étranger, les morts à mettre officiellement au passif de la méthode Pasteur s’élevaient déjà à soixante-quatorze: quarante étrangers et trente-quatre Français. Certains étaient morts en présentant les symptômes de la rage ordinaire, d’autres avaient succombé à une affection nouvelle qui fut appelée la << rage des laboratoires >>. Selon le Dr Xavier Raspail, ces derniers présentaient les symptômes de paraplégie rabiforme observés chez les lapins servant à la culture du virus pasteurien. D’ailleurs, Pasteur a lui-même signalé que pendant la période du 9 novembre 1885 au 30 décembre 1886, sur dix-huit malades vaccinés, neuf moururent dans les trois semaines suivant la morsure.
Mensonge scientifique
Au mois de mars 1886, Pasteur déclarait au Dr Navarre : << Je n’admets pas qu’on discute désormais mes théories et ma méthode; je ne souffrirai pas qu’on vienne contrôler mes expériences. >> ! Pasteur inaugurait ainsi une pratique désormais institutionnalisée, celle du mensonge scientifique, proféré avec impudence par des hommes de science auréolés d’un prestige usurpé.
L’histoire n’a retenu que le succès de vaccin, mais a oublié de dire qu’il avait multiplié les décès par la rage. En fait de triomphe, ce fut un échec, car jamais personne n’a pu prouver son efficacité. Tout d’abord parce qu’il était pratiquement impossible d’apporter la preuve que les chiens incriminés étaient atteints de la rage et ensuite parce que le nombre de vaccinés qui mouraient était trop élevé pour qu’on souhaitât en tenir compte.
Dans son ouvrage Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux de 1880 à 1905, Léon Daudet a raconté l’horrible mort de six paysans russes mordus par un loup et vaccinés par Pasteur. À ce propos, l’écrivain s’éleva à l’époque contre ce qu’il appela << la nouvelle morticoli >> et publia un série d’articles sur le sujet.
Jouer sur la peur
Quant au Pr Michel Peter, de l’Académie de médecine, il a violemment critiqué les méthodes de Pasteur et a écrit au Dr Lutaud, rédacteur en chef du Journal de médecine de Paris: << Je suis d’accord avec vous sur tous les points : la médication de M” Pasteur, soi-disant préservatrice de la rage, est à la fois une erreur et un danger. >> Pour ce membre éminent de l’Académie de médecine, c’est pour des raisons << peu scientifiques >> que Pasteur s’est efforcé de faire croire à la fréquence de la rage. En effet, Pasteur évoquait alors des centaines de cas de rage qui mettaient des vies en danger de mort.
<< Or, la rage chez l’homme, est une maladie rare, très rare; j’en ai vu deux cas, en trente-cinq ans de pratique hospitalière et civile et tous mes collègues des hôpitaux, de la ville, comme de la campagne, comptent par unités et non par dizaines (encore moins par centaines), les cas de rage humaine qu’ils ont observés. Pour amplifier les bienfaits de sa méthode et en masquer les insuccès, M. Pasteur a intérêt à faire croire plus forte la mortalité annuelle par la rage en France. Mais ce ne sont point là les intérêts de la vérité. >> Ce procédé basé sur la peur sera repris plus tard par les laboratoires qui fabriquent les vaccins et par leurs complices.
Devant ses pairs de l’Académie, le Pr Peter a accusé Pasteur, non seulement d’avoir augmenté l’incidence de la rage mais d’avoir << provoqué des cas de rage paralytique et même convulsive >>, au lieu de l’avoir fait disparaître complètement, comme il l’avait pompeusement annoncé. << La méthode de M. Pasteur n’est pas moins jugée au point de vue de l’analyse des cas de mort, l’analyse clinique démontrant qu’un certain nombre de ces cas mortels sont dus aux inoculations pastoriennes, ce qui explique l’augmentation de la mortalité par la rage chez l’homme. >> Le Pr Peter concluait : << Monsieur Pasteur ne guérit pas la rage, il la donne >> !
La vaccin contre le charbon
C’est ainsi, grâce à de multiples mensonges, que la rage fut le premier grand triomphe de Pasteur, mais auparavant il y avait eu le vaccin contre le charbon, ou anthrax, maladie qui sévissait parmi le bétail. À cette époque, Pasteur opposait vigoureusement ses théories à celles d’Henri Toussaint, qui avait découvert la nature inoculable du charbon et la possibilité de vacciner contre cette maladie avec des cultures atténuées. Pasteur prétendait que le procédé de Toussaint était inefficace et dangereux, et que son vaccin était le meilleur. Pour le prouver, il signa le protocole d’une expérience qui se réalisa le 28 août 1881 à Pouilly-le-Fort, près de Melum.
On avait sélectionné cinquante moutons dont vingt-cinq seulement furent vaccinés. Le charbon virulent fut inoculé quinze jours plus tard aux cinquante bêtes. Pasteur affirma alors que les moutons non vaccinés mourraient et que les autres résisteraient.
Le jour de l’expérience, Pasteur confia à ses collaborateurs qu’il allait utiliser non pas son vaccin, mais celui de Toussaint qui contenait un antiseptique capable d’atténuer la virulence de la bactérie charbonneuse. Depuis longtemps, Pasteur essayait en vain d’obtenir cette atténuation par l’oxygène de l’air. Les moutons reçurent effectivement le vaccin mis au point par Toussaint auquel fut ajouté du bichromate de potassium, puissant poison qui tue les microbes, mais induit des cancers. Il était évident que personne plus tard ne se soucierait des cancers des moutons. Comme prévu, les vingt-cinq moutons qui avaient reçu le vaccin atténué par le bichromate de potassium survécurent. Ce fut un triomphe pour Pasteur et tout le monde croit encore que c’est << son vaccin >> et non l’antiseptique de Toussaint qui a sauvé les moutons.
Le propre neveu de Pasteur, Adrien Loir, a rapporté ces faits en détail dans un ouvrage intitulé À l’ombre de Pasteur, mais peu de gens l’ont lu et plus personne ne sait aujourd’hui que l’expérience de Pouilly-le-Fort ne fut qu’une lamentable tromperie.
Hécatombe de bétail
Le Pr Peter a jugé tout aussi sévèrement le vaccin contre le charbon que celui contre la rage et il a rapporté au Dr Lutaud les résultats de la vaccination pratiquée à partir du 10 août 1888 à l’institut bactériologique d’Odessa, où, << à l’instar de celui de Paris, on fabrique le vaccin, d’après les recettes de M. Pasteur >>. En effet, un vaccin anticharbonneux, fabriqué à Odessa et envoyé à Kachowka, dans la Russie méridionale, a alors occasionné non moins de 3696 décès. Sur 1582 brebis vaccinées, 1075 ont succombé à l’inoculation, soit 61 %.
Le Pr Peter commente également une autre inoculation sur des troupeaux à la ferme Spendrianow : << Le premier troupeau était composé de moutons castrés âgés de 1, 2, et 3 ans, en tout de 1478 têtes et l’autre de 1058, plus jeunes et plus âgés. […], Sur 4564 bêtes vaccinées, 868 seulement ont survécu à l’inoculation, soit 19 %. C’est ce qu’on appelle ” des inoculations préventives ”! >>
On pourrait multiplier les exemples de supercheries dont Pasteur était coutumier. Son procédé était toujours le même. Tout en décriant les méthodes des autres. Il finissait par se les approprier et réussissait à se faire couronner de lauriers.
Dans une thèse de deux cent cinquante pages sur Antoine Béchamp, Marie Nonclercq, docteur en pharmacie, explique bien l’avantage de Pasteur sur Béchamp : << C’était un falsificateur des expériences et des résultats, qu’il voulait favorables à ses idées premières, Les falsifications commises par Pasteur nous paraissent actuellement incroyables. À l’Examen approfondi pourtant. les faits étaient opposés aux idées développées par Pasteur dans le domaine de la bactériologie. […] Pasteur a volontairement ignoré les travaux de Béchamp, un des grands savants français du XIXe siècle, dont l’oeuvre considérable dans le domaine de la chimie de synthèse, de la biochimie et de la pathologie infectieuse est presque totalement méconnue aujourd’hui, parce qu’elle a été systématiquement falsifiée, dénigrée, pour les intérêts personnels d’un personnage illustre (Pasteur) qui avait, contrairement à Béchamp, le génie de la publicité et de ce que l’on appelle aujourd’hui ”les relations publiques… >>.
Conséquences historiques
Un historien des sciences étatsunien, Gerald Geison, de l’université de Princeton, a étudié pendant vingt ans les notes de laboratoire de Pasteur, jusqu’alors restées secrètes, sur l’ordre de Pasteur lui-même. Enfin, il a communiqué le résultat de ses recherches au Congrès annuel de l’AAAS (American Association for the Advancement of science), et le journal anglais The Observer l’a publié le 14 février 1993. À son tour, la semaine suivante, le magazine médical Science dénonçait << l’imposture pasteurienne >>.
Si ces querelles entre scientifiques étaient sans conséquence, on pourrait ne leur attribuer qu’une importance relative, mais, à cette époque, les choses étaient plus graves, car la révolution industrielle était en marche et laissait deviner un enjeu économique considérable : l’industrie des vaccins.
Entre 1869 et 1872, Pasteur a énoncé trois postulats de base erronés qui servent encore aujourd’hui de fondement à la vaccination. Le premier estimait que l’asepsie règne dans nos cellules : la cellule est propre, tous les microbes sont exogènes (c’est-à-dire qu’ils viennent de l’extérieur) et l’attaquent, et ces germes ont une existence indépendante des organismes vivants. Le second est que chaque maladie correspond à un agent spécifique, microbe ou virus, contre lequel on peut se prémunir grâce à un vaccin : la maladie n’a qu’une seule cause, donc un seul remède. Enfin, l’immunité s’obtient par la production d’anticorps en réaction à l’introduction d’antigènes contenus dans le vaccin et ces anticorps confèrent une protection.
Les microzymas occultés
Nous savons depuis longtemps que ces postulats sont faux, les dernières découvertes en immunologie les contredisent totalement, mais les vaccinalistes font mine d’ignorer ces travaux. Si chaque germe provoquait une maladie, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus de vie sur Terre. Pasteur s’est trompé, mais dans ce cas il est excusable, car l’erreur est humaine.
Cependant, il est moins pardonnable pour son animosité envers Béchamp, fondateur de l’enzymologie, qui a identifié de minuscules corpuscules, plus petits que la cellule, les microzymas. Ces derniers sont les véritables éléments responsables de la vie, qu’elle soit humaine, animale ou végétale. Les microzymas peuvent traverser les siècles, mais ils sont aussi susceptibles d’évoluer avec le temps. Chez l’humain, leur forme varie suivant l’état général du terrain dans lequel ils vivent et dont ils se nourrissent. Ce sont des éléments aussi bien constructeurs que destructeurs, capables de se transformer, de muter, d’évoluer. Si cette théorie du polymorphisme avait été reconnue, elle aurait bouleversé notre façon d’envisager la santé et la maladie. Quand un déséquilibre perturbe le fonctionnement normal des microzymas – malnutrition, intoxication, stress physique ou psychique – le microzyma se transforme en germe pathogène, c’est-à-dire en microbe, et la maladie survient. Dans cette optique, il suffit de renforcer la santé de la personne pour que les germes pathogènes internes retrouvent leur forme originelle et leur fonction protectrice.
L’héritage de Béchamp
Grâce à sa théorie, Béchamp a pu recenser des bactéries vieilles de plusieurs millions d’années. Le polymorphisme des microzymas peut ainsi les transformer en virus, bactéries, mycéliums, prions, ou autres organismes encore inconnus. Mais ils peuvent aussi entamer le processus inverse et se retransformer en microzymas basiques.
Ces recherches ont permis à Béchamp de juger la vaccination scandaleuse, car : << elle néglige la vitalité propre, indépendante des microzymas de l’organisme. >>
En résumé, pour Pasteur le microbe est à l’origine de la maladie, pour Béchamp, c’est la maladie qui permet au microbe de s’exprimer. Cette dualité de position dure officiellement depuis plus de cent ans.
Sur sont lit de mort, Pasteur aurait affirmé que c’était Claude Bernard qui avait raison, que le microbe n’était rien, que le terrain était tout. En effet, si le microbe était le seul responsable, comment pouvait-on expliquer le fait que les infirmières qui soignaient les tuberculeux n’étaient pas contaminées, alors que d’autres personnes, bien moins exposées au bacille, tombaient rapidement malades? Se posant la question, Claude Bernard en vint à développer la notion de réceptivité à la maladie, admettant qu’il devait exister une tendance innée ou acquise à développer certaines pathologies.
Et le Pr Jean Bernard n’est pas loin d’adhérer à cette théorie lorsqu’il pose la question : << Si dans la lutte contre le cancer, on n’a pas avancé aussi vite que dans d’autres domaines, c’est probablement parce qu’on s’est trop attaché aux théories de Pasteur. […] Ces virus sont-ils bien en dehors de nous? Ne viendraient-ils pas de nos organismes traumatisés? >>.
Dans son ouvrage La Fêlure du monde, André Glucksmann a essayé d’expliquer les mirages pastoriens : << La vanité du pastorisme dévoilé, plus qu’une science certaine et moins qu’un art efficace, une religion. Pasteur a traduit en terme de biopouvoir l’équation constitutive des nations modernes, cujus regio, ejus religio [de tel pays, de telle religion] >>.
Par Sylvie Simon